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Jurassiens à Naples !
15 mars 2013

Tokyo

Mamie,

           

                   Je sais que mon départ est brutal, mais il est en mon devoir de m’assurer que Yu va bien et qu’elle est en sécurité. Comme je te l’ai expliqué, elle a soudainement cessé de répondre à mes messages. La passion que j’ai éprouvée pour cette jeune étudiante il y a une dizaine d’années a rejailli en moi.

             Cela fait plus d’un mois que je n’ai plus aucune nouvelle d’elle ; et je m’en suis beaucoup inquiété sachant qu’elle se sentait épiée un peu plus chaque jour.

 

           De toute façon, il est inutile d’essayer de me retenir ; je suis déjà parti à sa recherche. En effet, tu l’auras compris, je suis arrivé au Pays du Soleil levant ; plus précisément a Tokyo.

 

 

          Gros bisous. Ne t’inquiète pas pour moi.

                                          Marc.

 

 

 

 

          Mamie,

 

          Pour ne pas que tu t’inquiètes je vais te raconter mon voyage. Par la même occasion tu pourras découvrir comme moi, la culture japonaise.

 

          Il était 10 heures ; je venais d’arriver à Tokyo, au sein de ce beau pays qu’est le Japon. Cette immense ville est connue pour être la plus peuplée mondialement avec trente millions d’habitants. La population est telle que les habitants sont obligés de porter des masques à cause de la pollution due à une forte circulation. J’étais dans la rue. Bagage à la main. Epuisé. Et surtout complètement perdu au milieu de tout ce monde. Je fus impressionné par la largeur des passages piétons. En effet,  ils sont si démesurés que j’eus l’impression que des centaines de personnes se croisaient à chaque traversée. La foule me submergeait, et m’entrainait. Je me retrouvai dans un lieu qui m’était inconnu. Cela ressemblait à un dôme.

         Un cercle blanc d’environ quatre mètres était tracé sur le sable et à l’intérieur, se trouvait deux rikishi ; ce sont des sumos professionnels. Ils n’étaient vêtus que d’une bande de tissu serrée autour de la taille et à l’entrejambe. Leurs cheveux, lissés avec de l’huile selon les traditions, étaient maintenus en chignon. Les combattants devaient peser environ cent cinquante kilos. Avant l’affrontement, les lutteurs frappèrent le sol avec les pieds après les avoirs levés très haut. On m’a dit que ce rituel appelé « shiko » avait pour but de chasser les esprits. En signe de purification, les lutteurs ont pris une poignée de sel et la lancèrent sur la zone de combat délimitée par le cercle. Il y a également la tradition de « l’eau de force » que le Rikishi bois puis recrache. Ce sont les gestes rituels les plus importants avant que le combat ne commence.

         Le premier contact des deux hommes fut très violent ; ils se sont rués l’un sur l’autre avec toute leur puissance.

        Le but du combat est de faire sortir son adversaire du cercle ou de le mettre à terre. Le combat est dirigé par un arbitre que l’on appel le « gyoji ». Ce dernier est vêtu d’un kimono en soie et d’un chapeau identique à celui d’un marin avec un bout pointu. Il a également un éventail symbolisant son autorité, ainsi qu’un poignard. La tradition veut qu’il s’ouvre le ventre en cas de faute d’arbitrage. Cinq juges, souvent des « yokozunas » (des anciens grands champions), supervisent également le combat.

          Tout d’abord ; les deux lutteurs s’affrontent par le regard. Encore un rituel. Il porte le nom de shikiri-naoshi et dure quatre minutes. Il y a également eu la « parade préliminaire » qui se compose de déplacements visant à intimider l’adversaire. Lorsque le combat est terminé, les deux combattants s’élancent l’un vers l’autre.

          Comme je l’ai dit, le combat fut bref, mais violent. On m’a appris que c’est souvent ainsi. Souvent, c’est la tête des lutteurs qui cogne en premier. Il arrive même que l’un des combattants soit « sonné » dès ce premier choc. Un tournoi de sumo s’étale sur plusieurs combats et dure parfois toute la journée.

             Une fois que le tournoi fut terminé, je sortis avec le goût amer et nostalgique de cette première demi-journée déjà terminée. J’en avais pris plein les yeux mais j’étais épuisé. Je décidai donc de me reposer un peu.

          J’étais dans le centre ville, les hôtels étant tous plus chers et luxueux les uns que les autres, je décidai alors de passer la nuit dans un hôtel capsule. Tu en as peut être déjà entendu parler, ce sont des hôtels typiquement japonais. Ils ont la particularité d’optimiser au maximum l’espace. C’est ainsi que les chambres se limitent donc à une simple cabine-lit constituée généralement d’un tube en plastique ou en fibre de verre. Elles ont une surface moyenne de deux mètres sur un pour une hauteur d’un mètre vingt-cinq et sont souvent équipées d’une télé. Les seules activités possibles sont lire, regarder la télé ou dormir. Elles sont également équipées d’une radio, d’un réveil et d’air conditionné. Ces capsules sont superposées par deux et alignées tout le long d’un couloir. Il y en avait environ vingt-cinq dans l’hôtel ou j’étais.

         On trouve également dans le bâtiment un restaurant ou un distributeur de boissons. Certains hôtels permettent même  de louer une capsule dans la journée pour faire une petite sieste !  Les hôtels capsules ne sont que des hôtels de dépannage. Le client typique de l’hôtel est en effet le « salaryman » : Japonais en quête d’un endroit où dormir après une longue journée en sortant du travail ou les personnes ayant manqué le dernier train pour rentrer chez eux. Les Japonaises ne se rendent pas dans ce genre d’hôtels qui est essentiellement fréquenté par les hommes. En revanche, certains proposent des quartiers séparés pour les hommes et les femmes.

              Le prix des chambres n’est pas élevé : deux à quatre mille yens la nuit (Soit quinze à trente euros).  C’est pourquoi, comme je t’ai dit, j’ai préféré un hôtel peu confortable comme celui-ci plutôt qu’un hôtel luxueux mais très ; ou même trop cher…

 

              C’est sur cette description que je te laisse mamie, je ne vais pas tarder à m’endormir. Demain, je partirai à la recherche de Yu tout en continuant de visiter quelques lieux. Je te compterai encore mes périples, pour que tu te sentes près de moi.

            

               Je t’embrasse fort.

Marc.

 

 

 

 

 

             Mamie,

          

              Lorsque j’ai ouvert les yeux ce matin, son visage à été la première chose que j’ai vue. Avec ses magnifiques yeux chocolat, et la même expression qu’elle avait il y a maintenant plus d’onze ans, lorsque l’on s’était pour la première fois adressé  la parole. C’est grâce à cette image d’elle que je me suis décidé à me lever plus vite que je ne l’avais jamais fait. J’ai avalé mon petit déjeuner pris dans le distributeur de l’hôtel en un éclair, et sortis. Je montai dans le premier taxi qui arriva et demanda au chauffeur de me déposer là où Yu habitait, il y a encore quelques mois. Je ne savais pas si elle y logeait toujours. Je savais que, même si je ne la trouverais pas ici, elle aurait du voisinage qui pourrait me renseigner… Le trajet en taxi fut plus long que je ne le pensais. De plus, des bouchons avaient commencé à se former sur la route. J’eu donc l’occasion d’admirer le paysage, plus ou moins beau soit-il, tout en écoutant la musique reposante qui passait à la radio. Nous passâmes devant la Cathédrale Sainte-Marie de Tokyo. Je sais que beaucoup de monde rêverait d’aller y faire un tour, mais je ne vois pas pourquoi. Elle est trop moderne. Je ne la trouve pas du tout jolie : faite en béton armé, suite à la destruction de l’ancienne pendant la seconde Guerre Mondiale. Certes, tout cela pourrait être intéressant, de comprendre son histoire et bien plus, mais ça ne me dit trop rien. Je regarde donc ce monument s’éloigner de nous alors que nous nous rapprochons du lieu de vie de ma bien-aimée.

            Le taxi me déposa au lieu indiqué. Je te le dis à toi Mamie, jamais je n’avais eu autant d’émotions mélangées les unes aux autres. Du stress, de la joie, de la peur et tant d’autres encore… Je me retrouvais devant une porte. Ce nœuds qui prenaient toute la place dans mon ventre m’indiquaient que c’étais bien là. Je toquai. Une fois. Puis une deuxième fois. Et encore une autre. J’essayai d’ouvrir la porte mais elle était fermée. Toute la pression redescendit et la déception prit aussi vite sa place. Une voisine m’ayant vu attendre désespérément devant la maison, sortit puis commença à me parler en japonais ; je ne comprenais rien du tout. J’essayai donc de lui parler en anglais, je cherchais des renseignements, mais elle semblait ne pas me comprendre non plus. Elle comprit que je cherchais Yu, et elle me parlait, me faisant de grands signes de la main… La seule chose que je réussis à comprendre, c’est qu’elle n’habitait plus ici. Je ne savais pas quoi faire Mamie, j’étais totalement perdu et confronté à deux solutions : continuer de la chercher dans tout Tokyo, sachant que je n’avais qu’une minime chance de la trouver, ou partir d’ici en vitesse, venir te retrouver dans ma chère France et me faire à l’idée que je ne reverrais plus jamais celle qui avait su enflammer mon âme.

Je choisis l’option numéro trois : visiter tout ce que je pourrais ; tout les lieux dont Yu m’avais parlé pour ainsi dire, ne pas l’oublier ; avant de rentrer dans mon pays et partir en dépression, qui sait ?

           

               Je repris un taxi et me décidai donc à aller dans un théâtre kabuki. Le kabuki est la forme épique du théâtre japonais traditionnel. Centré sur un jeu d'acteur à la fois spectaculaire et codifié, il se distingue par le maquillage élaboré des acteurs et l'abondance de dispositifs scéniques destinés à souligner les paroxysmes et les retournements de la pièce. Les trois idéogrammes du mot signifient : chant, danse et habileté technique.

           J’attendais avec impatience ce qui allait m’y attendre, mais le fait de me retrouver dans un endroit qu’elle aimait tant, me foutait le cafard, tu comprends… ? Et merde, dans ce taxi, voilà que je commence à pleurer. Une perle salée roule sur ma joue, puis plusieurs petites gouttes la suivent. J’arrive à me contrôler et stoppe cet ouragan sur mon visage. Le chauffeur ne remarque rien ; tant mieux. Il me dépose au pied d’un superbe bâtiment, vraiment somptueux. J’aurais aimé que tu le vois, ça t’aurait plus, j’en suis certain !

             

            J’ai suivi ce spectacle de très près, et senti toute l’émotion dont Yu m’avait parlé. Le spectacle qui venait de s’offrir à moi était magnifique. Il était 20h30, le spectacle avait duré quasiment la journée entière. J’avais été comme transporté dans un autre monde. Le goût amer de la nostalgie de ce que je venais de voir avait déjà pris place au fond de moi.

           J’étais complètement chamboulé, mais ce n’était qu’un début. Car contre toute attente, c’est elle que je retrouvai à la sortie de ce théâtre ! Oui, c’est bien Yu que j’aperçus entre quelques centaines de personnes. Elle avait l’air tout aussi émue que moi après ce divertissement qui s’était offert à nous. Elle ne m’avait pas encore vu, mais je ne voulais pas attendre qu’elle me reconnaisse, j’en avais eu assez d’attendre. 10ans, on ne se rend pas bien compte, mais qu’est-ce que c’est long ! Je m’approchai donc d’elle ; et elle me reconnut de suite. Elle me sauta dans les bras, les yeux pleins de larmes. Je la serrai fort contre moi, comme si je ne voulais pas qu’elle s’envole. Nos retrouvailles ont été très intenses ; j’avais l’impression que nous ne nous étions jamais quittés. J’avais si peur qu’elle ne m’échappe encore une fois… Je ne voulais plus la lâcher. Je crois que c’est ça, Mamie, l’amour. Tu sais, je crois vraiment que j’en suis amoureux. Et ça, depuis l’université. Je savais qu’elle éprouvait la même chose que moi lorsque, d’un pas non assuré, elle m’embrassa timidement.

             Nous sommes par la suite allés tout deux dans un petit restaurant pas très chic pour y manger des sushis. J’adore ça ! Si jamais un jour je trouve une bonne recette ; alors je te promets que je t’en préparerai Mamie ! 

           Yu m’emmena par la suite à son appartement. Ce que j’étais bien. Non que les hôtels capsule ne soient pas confortable, mais un bon lit avec un espace vital est bien plus amusant ! Je m’endormis paisiblement contre ma chère et tendre.

 

Je t’embrasse Mamie.                                  

Marc.

 

 

 

Les auteures : Estelle, Solène, Coralie

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Commentaires
Jurassiens à Naples !
  • Buon Giorno ! Vous êtes ici sur le blog de voyage des 2ndes 2 du Pré Saint Sauveur de Saint Claude, Jura. Vous aurez la chance de pouvoir lire nos récits tout au long de notre voyage en Italie et donc de voyager un peu vous aussi. Bon voyage !
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